Un texte, il est là, il vient, se construit, idée après idée.
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Je descends le petit escalier de bois qui mène directement au jardin, et je vais m’asseoir sur le banc de pierre, qui a gardé la chaleur écrasante de cette journée d’été.
Le ciel s’assombrit d’un coup, les nuages se drapent d’une couleur grise, presque sombre, et je sens sur mes épaules les premières gouttes d’eau qui tombent, lourdes et tièdes. Elles vont aussi cogner la terre assoiffée. Elles deviennent vite un ruissellement, tentant de pénétrer les craquèlements de la terre. Ceux-ci ressemblent à des cratères grimaçants, certains si béants que l’on pourrait y plonger la main.
Victime d’un soleil sans pitié, le gazon buriné et desséché ressemble au visage du marin fatigué. Je le vois doucement se redresser, fier et luisant, tout à la joie d’assouvir sa soif de ce nectar venu du ciel.
Autour de lui se mettent à danser les dahlias, avec leurs têtes multicolores. Dans un rythme joyeux, ils se balancent sous le poids de la pluie. La lavande serre ses rangs et libère son parfum, le jardin rit, je l’entends. Tout ce petit monde se délecte. Les capucines discutent, rassemblées telles des commères, les roses ouvrent avec gaieté leurs pétales, d'où l’eau perle, cristalline et pure. Elles sont de bien belles princesses, gardant une allure fière et distinguée, malgré ce remuant et joyeux désordre.
Lentement mais sûrement, les escargots sortent, eux aussi, en déliant le corps de leur coquille, toutes antennes dehors. Ils glissent sur l'herbe nonchalamment.
Je m’abrite rapidement sous la tonnelle et je sens cette odeur de terre tiède et mouillée, qui embaume d’un coup tout le jardin. Une odeur suave et lourde, qui me rend heureuse. Ce parfum, à lui seul, me donne à penser que le bonheur est là, sous une averse. Je suis si bien dans mon petit jardin.
©lo
